Écologie

Un « cloud » pas si virtuel ? Internet, un immense réseau matériel

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Photo par Ian Battaglia sur Unsplash

    Au-delà de la part approximative de 75 % que représente la fabrication des appareils et équipements numériques dans l’impact environnemental général du secteur, d’autres facteurs viennent combler les 25 % restants de pollution générée.

Et ceux-ci sont principalement les infrastructures matérielles qui soutiennent le réseau titanesque que représente aujourd’hui Internet, ainsi que l’utilisation de ce réseau. Effectivement, si les géants du numérique s’emploient depuis une dizaine d’années à nous vanter sans relâche les vertus émancipatrices et modernes de la dématérialisation, qui nous permettrait de nous affranchir des déterminismes du matériel, semblant aujourd’hui dépassé par les performances de la sauvegarde en ligne, le fameux « cloud » n’en reste pas moins dans les faits soutenu par un immense réseau de machines physiques, qui ne manquent pas quand à elles de faire croître un peu plus chaque jour l’impact environnemental du numérique.

Loin d’être immatériel, ce réseau composé d’une multitude d’appareils et d’équipements informatiques divers (satellites, serveurs, câbles sous-marin, terminaux domestiques et autres) et présent aux quatre coins du globe, nécessite d’être alimenté par une énorme quantité d’eau et d’électricité, et participe en grande partie à l’émission de gaz à effet de serre du secteur numérique. Au vu de son coût écologique, le « cloud » est-il donc en fin de compte aussi léger qu’on le croit ?

Pour laisser parler les chiffres, 35 % de l’énergie utilisée dans le secteur du numérique sert au bon fonctionnement de nos réseaux, dont 15 % sert exclusivement à faire tourner les « datacenters », sorte d’immenses centre de données regroupant les serveurs d’une ou plusieurs entreprises. Pour le reste, 21 % de l’eau consommée a pour fonction l’utilisation des équipements numériques, et principalement le refroidissement des « datacenters », et 14 % des gaz à effets de serre émis sont également attribuables à ces fameux centre de données.

Car en effet, pour citer un exemple, lorsque l’on envoie un e-mail, le fichier contenu n’est pas directement envoyé à l’ordinateur de notre correspondant, mais celui-ci part de notre machine pour arriver dans un premier temps dans le centre de données de notre fournisseur d’accès Internet, qui renvoie lui-même le fichier au centre de données du fournisseur d’accès de notre correspondant, en le faisant transiter entre temps par de nombreuses machines aux quatre coins de la planète. Et tout cela avant d’arriver finalement sur l’ordinateur du correspondant en question. Et c’est la même chose lorsqu’on fait une requête, depuis notre moteur de recherche à la maison.

Transit de données constant à travers box Internet, centre de données, câbles sous-marins et/ou souterrains, antennes relais et satellites, c’est ça la magie aussi complexe que vertigineuse du réseau gargantuesque qu’est Internet !

Photo par Ian Battaglia sur Unsplash

Avec 4,79 milliards d’internautes en 2020, soit 5,5 % de plus qu’en 2019, Internet continue de grandir chaque année, soutenu par un nombre croissant d’infrastructures matérielles.

Si les « datacenters » localisés uniquement en Californie, aux États-Unis, ont consommés cette année, notamment pour leur refroidissement, l’équivalent de 158 000 piscines olympiques, on imagine aisément l’impact écologique général de ces infrastructures. Ainsi, loin d’être immatériel, l’immense réseau international qu’est Internet est un enchevêtrement complexe d’infrastructures et de machines diverses qui consomment des ressources telles que de l’eau salubre, et de l’énergie dans d’immenses quantités.

Avec l’expansion permanente d’Internet et l’arrivée quotidienne de nouveaux contenus et visiteurs sur la toile, l’accroissement permanent du nombre de ces infrastructures particulièrement gourmandes en ressources diverses paraît donc difficilement soutenable à long terme. Et trouver des alternatives durables semblent aujourd’hui devenir une question cruciale pour une meilleure gestion des ressources et de l’environnement.

Pour aller encore plus loin sur le sujet, le podcast « Pollution numérique : la grande illusion du virtuel ? » par France Culture, qui accueille Guillaume Pitron, journaliste spécialiste du numérique, et Inès Leonarduzzi, fondatrice de l’ONG « Digital For The Planet », disponible sur le site « franceculture.fr », permet de mesurer plus en détails les enjeux liés à la matérialité du réseau Internet.

Si certaines de ces infrastructures semblent parfois s’orienter vers un consommation d’énergie renouvelable et des alternatives plus durables pour l’environnement, il reste tout de même un certain nombre de questions en suspens quand à l’avenir de la consommation énergétique du réseau matériel souvent trop bien camouflé derrière le fameux « cloud », trop souvent présenté comme léger et imperceptible.

    Mais alors, que peut-on bien faire en tant qu’utilisateur pour participer à réduire l’impact écologique du numérique, tout en ayant pas la main mise sur les infrastructures qui composent le réseau ? Et bien c’est en tant qu’« utilisateur », que notre simple « utilisation » de ce réseau peut faire une grande différence.

Sources :

Retrouvez les sources de cet article dansla bibliographie du dossier intégral. Découvre notre dossier exlusif « Mesurer, comprendre et faire évoluer l’impact environnemental du numérique » en cliquant sur ce lien.

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