Commerce équitable

L’impact environnemental et humain de la fabrication des appareils numériques

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Photo par Malachi Brooks sur Unsplash

    « En France, 80% des impacts environnementaux sont directement liés à la fabrication des terminaux des utilisateurs », dit Frédéric Bordage, auteur spécialiste du numérique responsable et créateur de la communauté GreenIT en faveur du numérique durable.

En effet, qu’il s’agisse des 35 % d’énergies primaires consommées durant la fabrication de nos terminaux numériques, des 79 % d’eau utilisée, ou des 44 % de gaz à effet de serre émis, le plus gros de la consommation de matière première et de la pollution générée dans le secteur du numérique, a lieu lors de la phase de production de nos équipements, et non comme on pourrait le croire lors de leurs utilisations quotidiennes. La simple fabrication d’un téléviseur exige d’extraire jusqu’à 2,5 tonnes de matières premières et génère 350 kg de CO2. Celui-ci, avant sa première utilisation, aura émis autant de CO2 qu’un aller-retour Paris-Nice en avion.

Alors que les marques du secteur du numérique nous incite à consommer de plus en plus d’équipements divers (smartphone, téléviseur, enceinte, objets connectés…), de plus en plus grands et complexes (miniaturisation des technologies, résolution…), ces nouveaux équipements ont un impact de grandissant sur l’environnement. Limiter l’impact du numérique, c’est donc en premier lieu utiliser moins d’objets numériques et les garder le plus longtemps possible, et lorsque ceux-ci sont en fin de vie, penser à les recycler et à leur donner une seconde vie en les amenant chez un reconditionneur.

Acheter du matériel de seconde main, qu’il soit d’occasion ou reconditionné, et donc remis à neuf, aide ainsi à réduire de façon non négligeable l’empreinte carbone du numérique, qui est due en grande partie à la production et au renouvellement des différents terminaux et équipements. Limiter le nombre d’objets connectés, et plus largement informatiques, est également une façon très efficace de réduire cet impact.

Dans une société où la publicité est omniprésente et tente de façon permanente de nous vendre de multiples objets connectés, dont la réelle nécessité peut être remis en question, il peut-être tentant de s’équiper d’une nouvelle montre connectée, d’une batterie portative ou du dernier modèle de smartphone.

Mais la production de ces équipements, qui nous sont vendus par les grandes entreprises comme vecteurs de progrès humain et technologique, requièrent de grandes quantités de ressources, telle que l’eau, et des matériaux rares et précieux, au coût élevé tant d’un point de vue environnemental, que social et humain.

Et malheureusement trop souvent, la durée de vie de ces équipements est conditionnée par le principe d’obsolescence programmée. En effet, de nombreuses techniques existent, de fabrication ou bien commerciale, comme la durée de vie programmée d’un objet informatique, la difficulté à trouver des pièces de rechange, ou encore le prix exorbitant des réparations, pour inciter l’acheteur à racheter un nouvel équipement neuf au lieu de faire réparer celui-ci.

Photo par Malachi Brooks sur Unsplash

Si la production des équipements numérique semble ainsi être un problème de taille, de nombreux rapports nous indique que la fin de vie de ceux-ci n’est guère mieux, et que moins de 25 % de ces équipements sont recyclés, quand les autres sont généralement exportés illégalement pour finir dans des décharges géantes à ciel ouvert. Généralement dans des pays asiatiques ou africains, comme la plupart des déchets.

Qu’il s’agisse donc de la fabrication ou du recyclage, lutter contre l’impact environnemental du numérique, c’est donc en premier lieu utiliser moins d’équipements et les faire durer plus longtemps.

Photo par Patrick Hendry sur Unsplash

Si la fabrication des équipements numérique a un coût environnemental démesuré, il est tout de même important de préciser que le coût social et humain de cette fabrication est le reflet de son impact environnemental.

De nombreux matériaux rares et précieux qui sont utilisés dans la fabrication des smartphones, composants informatiques ou autres objets connectés, tels que des métaux comme le lithium bolivien, l’or australien ou encore le tantale et/ou le cobalt congolais, sont extraits dans des conditions dramatiques, illégales et destructrice pour l’environnement. L’extraction illégal de la plupart de ces « minerais du sang » est à l’origine de drames humains, finance directement le travail d’enfants et la guerre civile, et est extrêmement nocive pour l’environnement.

    Ainsi, il est aujourd’hui important de remettre en question nos modes de production et de consommation qui doivent évoluer vers l’intérêt commun, et devenir le reflet du monde de demain. Mieux comprendre et transformer les modèles productifs dans le secteur du numérique, semble donc être la clé de voûte de la réduction de l’impact environnemental de ce secteur, et d’une transition écologique et sociale concrète.

Sources :

Retrouvez les sources de cet article dansla bibliographie du dossier intégral. Découvre notre dossier exlusif « Mesurer, comprendre et faire évoluer l’impact environnemental du numérique » en cliquant sur ce lien.

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