Environnement

Calculer l’impact environnemental du secteur du numérique

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Photo par Vishwarajsinh Rana sur Unsplash

    Une première chose à savoir à propos du coût énergétique des technologies, et donc dans notre cas le coût environnemental, est que celui-ci est instable dans le temps et donc assez difficile à mesurer ou à prévoir.

Au-delà de la nécessité pour une analyse pertinente de faire entrer en ligne de compte des facteurs tels que la provenance de l’énergie utilisé dans les technologies, ou encore les retombées ou externalités positives de ces dites technologies (comme par exemple la réduction des dépenses de carburants induite par le GPS), les dépenses énergétiques des technologies sont soumises à ce que l’on appelle couramment l’« effet de rebond ».
Autrement nommé « paradoxe de Jevons », ce principe énonce le fait qu’à mesure que les améliorations technologiques augmente notre capacité à employer une ressource, la consommation totale de cette ressource tend à augmenter au lieu de diminuer. C’est à dire pour faire plus simple, que si le coût financier et énergétique d’une ressource, tel qu’un système de traitement et de stockage dans le cadre numérique, a été divisé par environ 70 000 en l’espace d’une vingtaine d’année, un système à environ un million d’euros en 1995 ne vaut plus qu’une quinzaine d’euros aujourd’hui, celui-ci, qui coûte aujourd’hui bien moins d’énergie a vu une augmentation exponentielle de sa consommation.

Pour vulgariser un peu plus l’« effet de rebond » et dresser une métaphore fictive mais plus aisément compréhensible, nous pouvons imaginer qu’un kilogramme de charbon est nécessaire pour faire avancer une locomotive en 1890. Si en 1920 la technologie a évolué en terme d’exploitation du charbon, un kilogramme de charbon ne pourra plus faire avancer qu’une seule locomotive, mais trois d’entre elles.

Ainsi, on pourrait être tenter de se dire que si un kilogramme de charbon suffit désormais à faire avancer trois locomotives, nous allons avoir besoin d’exploiter moins de charbon, car une plus petite quantité est nécessaire. Et donc par déduction, nous penserons que la pollution générée par le charbon va diminuer, puisque nous aurons besoin d’en utiliser moins pour faire avancer un même nombre de locomotives. Mais en réalité, le fait qu’une plus petite quantité de charbon soit nécessaire va induire une baisse du prix du charbon et de la technologie qui le consomme, et ainsi cette technologie, en devenant moins coûteuse et plus banal va se répandre davantage dans la population et voir sa consommation exploser, du fait de son coût plus bas.

Finalement, la consommation de charbon ayant grandement augmenter en 1920 par rapport à 1890, puisque celle-ci est devenu bien moins cher, la pollution généré par celle-ci a également augmenter.

En fin de compte, l’arrivée d’une technologie nous permettant de consommer moins de charbon, a fait exploser la pollution généré par le charbon, puisque celui-ci va devenir en peu de temps bien plus consommé. Ce qui au final, bien que la technologie consomme moins d’un point de vue matériel, en arrive à ce que celle-ci soit bien plus consommée qu’à l’époque.

De plus, des innovations dites « de rupture » sont fréquentes dans le secteur du numérique, et une nouvelle technologie qui consommera moitié moins que son prédécesseur y est chose courante. Toutefois, ces nouvelles technologies qui semblent être la promesse d’un coût énergétique et environnemental plus faible sont dans la grande partie des cas soumises à cet « effet de rebond ».

Ainsi, le calcul du coût environnemental général du numérique est un calcul très complexe, car s’il est juste à un moment donné, celui-ci pourra s’avérer éronné à peine un an plus tard. D’autres facteurs, tels que le coût carbone (CO2) de l’électricité utilisée par un appareil, qui n’est pas le même en fonction du pays de résidence, à savoir 417 gr/Kwh aux États-Unis contre 65 gr/Kwh en France, complexifient le calcul et font donc de celui-ci une opération aussi méticuleuse qu’éphémère.

    Mais même si le calcul de l’impact environnemental du numérique est loin d’être aisé, certaine donnée comme le fait que la fabrication des appareils représente 75 %, ou encore davantage, du coût environnemental total du numérique, nous font sérieusement réfléchir à la capacité du secteur à évoluer vers un avenir plus vert et durable.

Sources :

Retrouvez les sources de cet article dansla bibliographie du dossier intégral. Découvre notre dossier exlusif « Mesurer, comprendre et faire évoluer l’impact environnemental du numérique » en cliquant sur ce lien.

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